Je passe ma vie devant des écrans. Depuis toute petite, j’ai toujours aimé regarder la télévision, puis l’ordinateur, puis mon téléphone, et bientôt, j’imagine, directement sur les verres de mes lunettes. De tous les formats qui existent, il y en a un qui m’a toujours fasciné, quel que soit mon âge, à chaque étape de ma vie : le documentaire. Après des heures de visionnage en tout genre au fil du temps, j’ai dégagé trois critères qui, selon moi (mes goûts à moi, qui ne sont peut être pas les mêmes que les tiens, et ce n’est vraiment pas grave), rendent un documentaire captivant.

Critère numéro 1 : une grande figure. Généralement charismatique et qui, à son échelle, quelle qu’elle soit, a provoqué une disruption. Le champ des possibles est donc vaste puisque qu’une quantité impressionnante de documentaires repose sur un personnage correspondant à cette description: Bobby Kennedy for president, What happened miss Simone ?, Wild Wild Country, Miss Americana, etc.

Critère numéro 2 : la réalisation. Ça peut paraître vaseux, flou ou propice aux réflexions du type “oui bah ça semble évident” mais en fait non. Un bon docu c’est des images d’archives, des témoignages de personnages principaux et une construction logique du récit, qui permettent une immersion totale dans l’histoire. Exit les reconstitutions et autres témoignages du cousin de la pote du voisin de Taylor Swift. Honnêtement : quel intérêt ?

Critère numéro 3 : l’histoire se déroule durant une période vécue par l’audience. Oui, c’est précis mais c’est aussi la cerise sur le gâteau : sans elle, le gâteau peut être délicieux, mais avec elle la saveur est sublimée. Évidemment, ce critère ne peut se suffire à lui-même puisqu’une cerise sans gâteau, c’est juste une cerise, on est d’accord. Concrètement, lorsqu’un documentaire retrace la période 1990-2020, il se passe quelque chose de plus pour une audience qui a vécu à cette période, une émotion particuliuère : on voit sa vie (ou une partie de sa vie si on est boomer) défiler en même temps que l’histoire progresse. On place sa petite personne au sein de cette grande histoire qui est racontée, parce que nous aussi on l’a vécue à notre façon. Par exemple, j’avais été étonnamment immergée dans Les Bleus une autre histoire de France, qui retrace l’histoire de l’équipe de France de 1996 à 2016. J’ai adoré réveiller mes souvenir en voyant apparaître des moments marquants (les supporters envahissant le terrain pendant le match France-Algérie en 2001), comprendre les intrications d’événements qui m’avaient échappé à l’époque (les joueurs qui refusent de descendre du bus en 2014), revivre les victoires (la coupe du monde 98), m’entendre dire “ah mais oui, c’est vrai”... 

Et bien, il y a un documentaire, sorti récemment, qui regroupe à merveille ces trois critères et bien plus encore : Montre jamais ça à personne sur Amazon Prime.

Critère 1 : Orelsan. Un rappeur français originaire de Normandie qui, à force de travail, d’acharnement et de créativité, va réussir à s’imposer dans l’industrie musicale, avec ses meilleurs potes.

Critère 2 : l’histoire est racontée par Clément Cotentin, le petit frère d’Orelsan qui le suit partout, caméra à la main, depuis son plus jeune âge. Résultat : des centaines d’heures d’archives en tout genre (des scènes de vie, des échecs, des doutes) et un point de vue original puisqu’on découvre l’histoire à travers les yeux d’un petit frère admiratif qui a toujours cru au talent de son frère. Et à raison !

Critère 3 : le premier album d’Orelsan, Perdu d’avance, sort en 2009, j’ai 15 ans et pour la première fois je me dis qu’en fait, je peux aimer le rap. Sur mon iPod, puis mon iPhone et maintenant dans ma bibliothèque Spotify, j’ai grandi avec ses sons dans les oreilles et ses clips dans la tête. 

Un dimanche pluvieux d'octobre 2021, je me suis donc installée dans mon canapé, mon chien sur les genoux, et j’ai binge watché l’intégralité du documentaire qui a d’ailleurs été récompensé dans la catégorie création audiovisuelle des Victoires de la Musique. Au bout de 252 minutes de visionnage, j’ai l’impression de faire partie de la team, moi aussi. On découvre les débuts difficiles inconnus du grand public, les premiers échecs, les premières petites victoires, les secrets derrière nos musiques préférées, les backstages des clips qu’on a trouvés révolutionnaires, mais aussi l’équipe derrière l’artiste. Et on fait partie de l’histoire parce que “je me souviens quand ce CD est sorti” et “j’étais à ce concert !” ou encore “ah mais c’est pour ça qu’il parle de ça dans cette chanson”. Nos souvenirs endormis se réveillent, l’émotion monte et la morale n’en est que plus belle lorsque Clément nous parle de la source d’inspiration que son frère a été pour lui et du chemin qu’il a lui même pu tracer au travers de cette aventure : oser faire ce qu’on aime avec les gens qu’on aime. 

Avec Coco, on a lancé Woopah pour faire le métier qu’on aime avec nos propres règles parce qu’on ne se retrouvait pas dans les agences de publicité parisiennes actuelles. On a plus qu’à mettre une GoPro sur le dos de Patton et dans 20 ans, on pourra regarder les images en se disant “c’est hyper mal cadré, y a rien à en faire”. Oups...

Woopah

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