Quand on est créa en publicité, on est toujours en recherche d’inspiration. Et pour ça, il faut voir, écouter, goûter, et découvrir de nouvelles choses. Constamment. Et j’avoue que c’est la partie de mon travail que je préfère, notamment parce que quasiment tout peut passer pour de la recherche d’inspi. Je pense que Coco ne compte plus les fois où elle a reçu un message de ma part lui disant « je vais me promener au bois ce matin pour m’éclaircir les idées, on se voit au dej ! » ou bien « je vais à un concert ce soir donc je partirai tôt du bureau » ou encore « ce matin je vais commencer par écouter le nouvel album d’Orelsan puis suivre le live d’un self-made movie maker spécialisé en packshot sur tik-tok ». Suivi bien évidemment par un « ça te tente ? ». Vous me prenez pour qui ? J'ai un cœur. Et j'aime bien passer du temps avec Coco.
Mais cette fois, c’est elle qui est venue me voir en me disant « il y a cette expo qui a l’air cool au musée du Luxembourg, ça pourrait être bien d’y aller ». Ok, voyons voir ça : Pionnières, une expo qui met en avant le rôle des femmes dans le développement des grands mouvements artistiques pendant les années folles… OOOOOOKKKKK !
Et là, grande claque. Outre les peintures, photos, sculptures, livres, magazines et films, mis en avant (et ça vaut le coup d’œil, croyez moi), j’en ai surtout appris beaucoup sur la parisienne des années 20. Et bien ma foi, ce n’était pas du tout ce à quoi je m’attendais ! Car il s’avère que la parisienne des années 20 était follement précurseuse de la libération de la femme : elle est artiste, dirige une maison d’édition ou un atelier d’art ; elle fluidifie le genre un siècle avant que le sujet ne devienne politique en s’habillant comme elle le souhaite, en vivant sa sexualité librement et en choisissant de ne pas se marier. Quelle audace pour quelqu’un qui n’a pas le droit de vote !
En se promenant à travers les galeries, on découvre des robes de Coco Chanel, des produits dérivés de Joséphine Baker, des toiles de Tamara de Lempicka qui dépeignent des scènes sensuelles homosexuelles ou encore des écrits de Claude Cahun décrivant le troisième genre « Neutre (…) le seul genre qui me convienne toujours ». Incroyablement moderne et pourtant vieux d’un siècle.
Ce qui nous a le plus touché, c’est le tableau La Chambre Bleue de Suzanne Valadon, montrant une femme aux formes généreuses dans un pyjama confortable, affalée sur son lit défait, fumant une cigarette avec quelques livres posés à ses pieds. 1 minute, 5 minutes, 10 minutes passent sans que l’on puisse détacher nos yeux du tableau. Quand soudain, nos regards se croisent et on se comprend : cette femme c’est nous le dimanche matin au réveil. Cette scène a lieu dans des centaines d’appartement chaque matin en 2022, mais en 1923, date à laquelle elle a été peinte, c’est un manifeste de la femme libre.
En quittant le musée, je suis évidemment passée par la boutique souvenir (en vérité on n’a pas vraiment le choix, toutes les boutiques souvenirs des musées sont étrangement situées entre l’expo et la sortie. How convenient…) et j’ai acheté une représentation A6 du tableau, que j’ai mis dans un petit cadre doré et que j’ai placé au-dessus de mon lit. Maintenant le matin au réveil, c’est la première chose que je vois et je souris. Puis j’envoie un message à Coco pour lui dire qu’on se retrouve au dej car je pars dois partir en recherche d’inspi.
